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Les Vikings sont réputés pour leurs voyages audacieux, leurs raids féroces et leur riche mythologie. Pourtant, derrière les guerriers casqués et leurs récits de bravoure se cache une autre facette de la civilisation viking, tout aussi fascinante : les réseaux commerciaux.
Les routes commerciales vikings, qui s’étendaient à travers l’Europe, l’Asie et même l’Amérique du Nord, ont joué un rôle déterminant dans l’évolution de l’âge viking.
Cet article se penche sur le monde du commerce viking et sur les biens et services considérés comme précieux par les Vikings et leurs partenaires commerciaux.
Les routes commerciales des Vikings
L’ère viking, qui s’étend de la fin du VIIIe siècle au début du XIe siècle, a vu les Vikings s’imposer comme de redoutables commerçants. Leurs prouesses en mer, la conception innovante de leurs navires et leurs compétences en matière de navigation leur ont permis d’accéder à des routes commerciales et d’établir des relations jusqu’alors inexploitées.
La mer Baltique
La mer Baltique était une plaque tournante essentielle pour le commerce des Vikings. La proximité des Vikings avec cette région leur permettait d’accéder facilement aux rivages de la Baltique, riches en ambre. L’ambre était très prisé et recherché dans toute l’Europe pour son utilisation dans les bijoux et les cérémonies religieuses.
L’ambre était si prisé par les Vikings qu’on l’appelait parfois l’or nordique. Selon la légende, il a été fabriqué par les larmes de Freyja, qui se transformaient en or lorsqu’elles touchaient la terre et en ambre lorsqu’elles touchaient l’eau.
L’ambre apparaît dans les découvertes archéologiques de toute la Scandinavie, comme l’ours en ambre et la pièce de jeu en ambre ci-dessus, tous deux trouvés au Danemark.
La rivière Volga
À l’est, les Vikings ont navigué le long de la Volga, jusqu’à la mer Noire et Constantinople (aujourd’hui Istanbul). Le long de cette route, ils se sont livrés à un commerce florissant de fourrures, de miel, de cire et d’esclaves en échange d’épices, de soies et de métaux précieux provenant de l’Empire byzantin.
La découverte de pièces d’argent arabes dans les trésors vikings, comme le trésor de Cuerdale en Angleterre, constitue une preuve concrète de leurs relations commerciales avec l’Orient. Les Vikings, surtout en Suède, portaient même des pièces arabes, comme celle ci-dessus, en guise d’amulettes et de broches.
L’océan Atlantique
L’Atlantique Nord était une autre route commerciale clé pour les Vikings. Les Vikings ont exploré et se sont installés dans des contrées lointaines telles que l’Islande, le Groenland et même le Vinland, aujourd’hui connu sous le nom d’Amérique du Nord.
À L’Anse aux Meadows, à Terre-Neuve, au Canada, des fouilles archéologiques ont permis de découvrir des preuves de la présence des Vikings, notamment des clous en fer et une fusaïole.
Ces découvertes suggèrent que les Vikings ont pu faire du commerce, éventuellement de fourrures ou d’autres marchandises, avec les peuples indigènes d’Amérique du Nord.
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La route de la soie
Les Vikings ne se sont pas limités aux eaux européennes. Ils se sont aventurés le long de la route de la soie, reliant l’Orient à l’Occident.
Les fouilles menées sur des sites tels que Birka, en Suède, ont permis de découvrir des pièces d’argent islamiques, de la soie chinoise et d’autres marchandises exotiques, ce qui témoigne de leur implication dans les réseaux commerciaux à longue distance.
La soie a été trouvée en abondance dans les tombes vikings d’Oseberg, de Birka et d’Haithabu. Le précieux tissu était généralement découpé en bandes et utilisé comme bordures sur les vestes, les caftans et les robes. À Oseberg, on a identifié de la soie provenant de plus de 15 textiles différents.
À cela s’ajoute la soie utilisée localement pour les bandes tissées sur table et la broderie. Une partie de cette soie est illustrée ci-dessus.
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Marchandises échangées par les Vikings
Quelles marchandises étaient le plus souvent échangées le long des routes commerciales vikings ? Les denrées alimentaires, en particulier les céréales, faisaient partie des marchandises les plus souvent importées par les Vikings en raison des conditions agricoles relativement difficiles en Scandinavie. Mais qu’en est-il des autres marchandises ?
L’ambre
L’ambre était un produit très convoité dans le commerce viking. Son éclat doré était utilisé pour fabriquer des bijoux complexes et des objets religieux. L’ambre a été découvert dans de nombreuses tombes et dépôts vikings, ce qui témoigne de son importance dans leur société.
Par exemple, la sépulture du bateau de Gokstad, en Norvège, contenait une multitude d’objets en ambre, notamment des perles et des amulettes.
Le pendentif en ambre Mjolnir ci-dessus a été trouvé en Suède. Les pendentifs en forme de marteau de Thor étaient l’un des bijoux les plus courants à l’époque des Vikings et représentaient un symbole de protection. Ce pendentif est l’un des rares exemples en ambre qui subsistent.
Fourrures, miel et cire
Les climats nordiques de la Scandinavie offraient une abondance de fourrures, notamment celles des ours, des loups et des renards.
Les commerçants vikings troquaient ces fourrures, ainsi que du miel et de la cire d’abeille, avec d’autres régions. Ces articles étaient essentiels pour se réchauffer et servaient également à la fabrication de bougies.
Des preuves archéologiques provenant de tombes vikings témoignent de l’utilisation de fourrures dans les vêtements et les rituels funéraires.
Les esclaves
Le commerce des esclaves était courant dans le monde antique et médiéval, y compris chez les Vikings. Il s’agissait le plus souvent de prisonniers de guerre ou de captifs individuels lors de raids.
Il existait différentes catégories d’esclaves au sein de la société viking. Les thralls constituaient la classe la plus basse et étaient souvent contraints d’effectuer des travaux pénibles. Ils travaillaient dans les fermes, dans les foyers ou comme travailleurs manuels. Les esclaves de rang supérieur, appelés « houscarls », servaient de gardes du corps ou d’assistants personnels aux chefs vikings ou à la noblesse. Ces individus occupaient des positions plus privilégiées que les thralls.
Leur travail avait de la valeur et pouvait être échangé dans des pays lointains, en particulier dans le monde islamique et l’Empire byzantin.
Les pierres runiques et les sagas relatent l’acquisition et la vente d’esclaves, mettant en lumière cet aspect sombre de leur commerce.
Épices, soie et métaux précieux
Le commerce des Vikings avec l’Empire byzantin et l’Orient leur a permis de découvrir des épices exotiques, des tissus de soie et des métaux précieux tels que l’argent et l’or.
Les archives archéologiques, notamment le trésor de Hiddensee en Allemagne, contiennent des pièces de monnaie byzantines et arabes, ainsi que des objets d’art orientaux, qui témoignent de la diversité des marchandises échangées.
Services échangés par les Vikings
Pour les Vikings, le commerce ne se limitait pas à l’échange de biens matériels. Ils fournissaient également des services de grande valeur, ce qui a contribué à leur réputation d’habiles commerçants.
Les artisans vikings étaient réputés pour leur savoir-faire. Ils créaient des bijoux complexes, des armes et des objets ornés qui étaient très recherchés dans d’autres parties du monde.
Les découvertes archéologiques, comme le trésor d’argent de York, en Angleterre, illustré ci-dessus, illustrent la qualité du travail du métal des Vikings et leur capacité à exporter leur savoir-faire.
Les mercenaires
Les guerriers vikings étaient souvent engagés comme mercenaires par divers souverains et royaumes d’Europe. Leur férocité au combat et leur expertise en la matière en faisaient des atouts précieux dans les conflits.
Les pierres runiques et les sagas rapportent des cas où des mercenaires vikings ont servi dans des armées étrangères.
Cette situation se retrouve dans un épisode de Vikings, dans lequel Ragnar et ses hommes combattent en tant que mercenaires pour aider Ecbert à prendre le contrôle de la Mercie.
L’exemple historique le plus documenté de Vikings servant comme mercenaires est peut-être leur enrôlement dans la Garde varangienne, l’unité d’élite des gardes du corps des empereurs byzantins. Les guerriers vikings, souvent appelés Varangiens, ont servi dans cette prestigieuse garde du 10e au 14e siècle. Ils ont joué un rôle crucial dans la protection de l’Empire byzantin et étaient réputés pour leur loyauté et leurs aptitudes au combat.
Les Vikings se sont également aventurés dans la péninsule ibérique pour servir de mercenaires pendant la Reconquista, la campagne chrétienne visant à reprendre l’Espagne aux Maures. Les guerriers vikings étaient appréciés pour leurs aptitudes au combat et ils ont rejoint diverses armées chrétiennes dans les batailles contre les Maures.
Au XIe siècle, des Vikings, en particulier des régions danoises et norvégiennes, ont été engagés comme mercenaires par diverses cités-états italiennes. Ils ont participé aux campagnes de Sicile, qui s’inscrivaient dans le cadre d’une lutte plus vaste pour le contrôle de l’Italie du Sud et de la Sicile. Les Vikings ont souvent été employés pour leur expertise navale dans ces conflits.
L’empire commercial des Vikings
L’ère viking a été une période remarquable d’exploration et de commerce qui a laissé un impact durable sur le monde. Grâce à leur navigation ingénieuse, à leurs navires adaptables et à leur esprit tenace, les Vikings ont établi des routes commerciales qui ont traversé les continents.
Les preuves archéologiques, qu’il s’agisse des trésors d’ambre dans les sépultures des navires ou des restes de marchandises dans les trésors, mettent en lumière la nature dynamique du commerce viking. Il ne s’agissait pas seulement d’échanger des marchandises, mais aussi de partager des cultures, des savoir-faire et des services qui ont contribué à la riche tapisserie de l’âge viking.