Mythologie Nordique

Quelles sont les preuves archéologiques de la présence des Vikings en France ?

Les Vikings ont commencé à piller les régions côtières de la France à la fin du VIIIe siècle, à peu près au même moment où ils ont commencé à piller l’Angleterre. Tout comme en Angleterre, l’ampleur de leurs raids s’est accrue au fil du temps.

Cinq mille Vikings, sous la direction d’un chef nommé Ragnar, ont pillé Paris en 845, puis ont assiégé la ville à nouveau en 885.

À peu près à la même époque, un chef viking nommé Rollon s’empara par la force du territoire autour de Bayeux.

Il obtint la reconnaissance de sa position par le roi de France, et ses descendants devinrent les ducs de Normandie.

Les Vikings eurent un impact significatif sur la France aux IXe et Xe siècles, mais, comparé à l’Angleterre, très peu de preuves archéologiques de leur présence ont survécu.

Il y a plusieurs raisons à cela, comme la loi interdisant les détecteurs de métaux.

Néanmoins, quelques découvertes extrêmement intéressantes ont été faites, surtout lorsqu’elles sont replacées dans le contexte des nombreuses sources historiques, telles que les chroniques médiévales, les registres monastiques et les annales royales.

Examinons quelques-unes des preuves archéologiques importantes laissées par les Vikings en France.

Camp de Peran : Fortifications vikings

Conception reconstruite du Camp de Peran

Le camp de Peran est un ouvrage de terre partiellement mis au jour situé dans le nord de la Bretagne, qui surplombait les vallées de l’Urne et du Gonet.

Les fortifications ont été datées du Xe siècle grâce à des poteries et à une pièce de monnaie de Saint Pierre frappée à York entre 905 et 925 après J.-C.

Cette pièce provenant du Viking Jorvik, ainsi que des fragments, un casque métallique et l’embout d’une lance qui semble être d’origine nordique, suggèrent qu’il s’agissait d’un site viking.

Le site est relativement bien conservé grâce à la vitrification causée par un incendie qui l’a ravagé.

Cette destruction a conduit les historiens à relier le site à l’occupation viking de la Bretagne entre 907 et 939 environ.

Selon la Chronique de Nantes, cela a contraint Allan II, duc de Bretagne, à fuir en Angleterre et à se réfugier auprès du roi Athelstan.

Reconstitution des fortifications vikings

Les Vikings, menés par un Danois appelé Halstein, conquirent la région en 907.

En 931, ces Vikings rassemblèrent une armée sur la rivière Lire afin de lancer une attaque contre les Francs de l’autre côté de la rivière.

Profitant de la distraction des Vikings, les Bretons locaux tentèrent de se révolter, mais sans succès.

Cependant, les Vikings étaient suffisamment affaiblis pour qu’Allan puisse retourner en Bretagne et reprendre son territoire en 936.

Il remporta une victoire décisive lors de la bataille de Trans-la-Forêt le 1er août 939, au cours de laquelle il aurait attaqué de manière décisive une forteresse viking, probablement le Camp de Peran.

L’île de Groix : sépulture viking

Une sépulture navale a été découverte en 1906 à l’île de Groix, au large de la côte sud de la Bretagne.

Elle présentait de nombreuses similitudes avec les sépultures navales norvégiennes et est la seule sépulture navale incinérée découverte en dehors de la Scandinavie.

Le tumulus surplombe une petite baie sablonneuse, qui est le seul endroit propice au débarquement dans cette partie de l’île et qui est facilement visible de loin.

Le bateau mesurait 2,5 mètres de large, ce qui suggère que le bateau d’origine mesurait environ 15 mètres de long.

Plus de 800 rivets ont été trouvés, ce qui suggère qu’un navire plus petit a été enterré à côté du plus grand, comme on l’a vu dans plusieurs cas norvégiens.

Dessins d’un ornement de poupe viking trouvé dans la nécropole navale de l’île de Groix

Le tumulus, haut de cinq mètres et d’un diamètre de 20 mètres, était situé près d’une zone de 17 mètres délimitée par quatre dalles de pierre verticales, et d’autres dalles étaient disposées en ligne vers le sud-ouest.

Celles-ci marquaient peut-être le chemin par lequel le navire avait été amené, ou le parcours du cortège funèbre.

Le navire a été daté d’environ 950 et contenait les restes de deux hommes, l’un adulte et l’autre adolescent.

Ceci, ajouté à la richesse de la sépulture, suggère qu’il s’agissait de l’enterrement d’un noble viking accompagné d’un serviteur ou d’un esclave.

Plusieurs chiens et oiseaux ont également été trouvés dans la tombe.

Pierre runique de Stenkyrka représentant un bateau viking avec une poupe viking en forme de queue de dragon.

Les matériaux brûlés de la tombe formaient un dépôt de 145 centimètres d’épaisseur couvrant une superficie d’environ cinq mètres sur six.

Il montre que la tombe contenait des armes, des équipements d’équitation, des bijoux, des outils, des récipients, des pièces de jeu et des outils agricoles.

La tombe contenait un objet particulièrement intéressant.

Il s’agit du seul exemple connu d’ornement de poupe provenant d’un navire viking, bien que plusieurs girouettes aient été conservées.

Il s’agit d’une bande métallique de 60 centimètres de diamètre, ornée de feuilles et d’anneaux mobiles sur son pourtour.

Elle représentait probablement la queue d’un dragon, comme celle représentée sur la pierre runique de Stenkyrka, à Gotland.

Île de Ré : Tombes vikings

Fouilles funéraires en cours à La Flotte

Le dernier site archéologique viking majeur en France est une découverte récente dans le village de La Flotte, sur l’île de Ré, au large de la côte ouest de la France, où les fouilles ont commencé en décembre 2024.

Les archéologues ont mis au jour une cinquantaine de tombes datant du VIIIe au XVe siècle.

Il existe un groupe important de tombes carolingiennes françaises du VIIIe au Xe siècle, typiques de l’époque, qui sont de simples inhumations recouvertes de structures en bois ou en pierre.

Cependant, certaines d’entre elles se distinguent par leur caractère inhabituel.

À l’époque, les sépultures chrétiennes étaient très uniformes, les corps étant couchés sur le dos, les jambes tendues, orientés d’ouest en est.

Cependant, une tombe contenait un corps couché sur le côté, les jambes pliées, une autre un corps enterré face contre terre, et une troisième un corps plié, les membres relevés.

Les deux dernières étaient également orientées sud-sud-ouest.

Peigne trouvé dans la tombe de La Flotte

Contrairement à la plupart des tombes, quelques-unes contenaient également des objets funéraires typiques des tombes nordiques.

Il s’agit notamment d’un peigne en os et en corne décoré de motifs géométriques, de perles d’ambre, de verre, d’os et de cuivre, d’un couteau pliant et d’une ceinture en alliage de cuivre ornée de décorations entrelacées.

Ces objets sont tous typiques des tombes de la région de la mer du Nord. On ne sait toujours pas s’ils appartiennent à des commerçants ou à des immigrants qui se sont intégrés à la population locale tout en conservant certaines de leurs traditions, ou à des membres de l’élite locale qui avaient adopté les coutumes nordiques.

Compte tenu des mouvements des Vikings dans cette région de France aux IXe et Xe siècles, les deux hypothèses sont possibles, car leur présence était clairement très forte.